Résumé:
Faute d'intérêt de la part des Suisses, le personnel des EMS est largement composé d'étrangers, souvent de couleur. Le racisme n'étant pas rare, la confrontation avec les personnes âgées n'est pas toujours facile. Mais c'est aussi l'occasion de belles et surprenantes rencontres. Le rapport à la vieillesse est souvent plus aisé quand on vient d'une autre culture, et les premiers à s'en réjouir sont les patients, nos parents ou grands-parents.Dans nos EMS, les deux tiers du personnel répondent au nom de Leïla, Ritha, Elsa ou encore Habir. Originaires du Maroc, du Congo, de République Dominicaine ou de Serbie-Monténégro, ce sont elles et eux qui prennent soin de nos personnes âgées. Une relation pas évidente de prime abord, surtout avec des patients qui n'ont pour certains jamais réellement côtoyé de gens de couleur. Quelques pensionnaires s'en plaignent parce que " on n'est plus chez soi " et que " on n'aime pas le changement à notre âge ". Des attitudes et des mots qui blessent, même si le personnel concerné " comprend " cette réaction. Mais au fil du temps, la relation se noue et ces étrangers se révèlent serviables, courtois, spontanés, " plus patients " même. Et cette différence de culture de se révéler comme un véritable atout, parce que dans leur pays on a le sens de la famille et on ne meurt jamais seul. Une approche plus humaine, plus généreuse en quelque sorte, qui explique sans doute pourquoi ils abordent ce métier avec moins d'a priori que nous autres Suisses. Plongée dans l'intimité de relations complexes, mais sincères, au sein de deux EMS genevois.